Au balcon d’une maison inconnue, il pêcherait des poissons multicolores qu’il s’empresserait de montrer à sa femme, assise un peu plus loin, en train de prendre un bain de pieds avec dans la bassine en plastique tous les autres pêchés par son mari. Elle s’écrierait, à chaque nouvelle prise, qu'eux seuls lui font du bien : quand ils viennent manger la corne de ses pieds. Ces remarques exciteraient l’enthousiasme de mon personnage : il n’en finirait pas d’avoir des touches et se sentirait enfin servir à quelque chose dans la vie.
Tu vois, dirait-il à sa femme, quand on reste longtemps penché à son balcon, on finit par avoir la mer à ses pieds.
Et elle lui répondrait :
- C’est parce que tu rêves que tu dis ça. Les rêves c’est toujours comme ça ; c’est un peu la peinture abstraite de notre âme.