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Cette fascination et cette répulsion
Néons
Cette fascination et cette répulsion que j'ai pour les néons sont toujours restées intactes. La lumière blafarde est inquiétante et son éclairage progressif, tel un ricochet, produit par un galet lancé au ras de l'eau, est merveilleux. Je sens à chaque clignotement de la lumière au plafond avant qu'elle brille pour de bon, un écho dans mon corps. Le néon me rappelle que je suis en vie. Mais son éclairage en général très faible a un côté mortuaire qui me déplaît. Nous n'avons aucun néon chez nous et je crois que si nous en avions un nous aurions fini par le changer. Tu n'aurais pas aimé avoir ce genre de lumière dans une pièce. En même temps tu peux rester des heures à lire près d'un lampadaire à l'éclairage très faible, prendre ton petit déjeuner avec un éclairage très faible aussi au lieu de la lumière plus forte du plafond. Je ne sais pas comment tu supportes d'être souvent dans la pénombre. En réfléchissant ce qui t'embêterait dans le néon c'est sa lumière froide et blanche que tu ne supporterais pas je pense. Vivre ensemble, je m'en rends compte maintenant, c'est aussi repérer les habitudes d'éclairage de l'un et de l'autre. C'est aussi imaginer ses sentiments avec telle ou telle lumière au-dessus ou près de lui ou d'elle.
(Extrait de Garage, néon, hélicoptère et autres mots d'amour, coécrit avec Balval Ekel, Editions Jacques Flament)
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