• En équilibre constant 30

     

    Est-ce que les adultes se sentent également découragés par la somme de problèmes, conflits intérieurs et extérieurs à résoudre en une journée, et des questions sans réponses revenant sans cesse comme des nuages  posés au-dessus d’une île paisible incapable d’être totalement ensoleillée ?

    Selon certains, l’adolescence est une période de la vie durant laquelle tout devient compliqué. Pour moi, ça a toujours été complexe. Je ne vois pas la différence avec avant, si ce n’est qu’avec le temps tout s’obscurcit au lieu de s’éclaircir. Je crains d’être vraiment à part et pourtant j’ai hâte de grandir parce que je sais qu’à un moment donné la plus grande partie de mes inquiétudes aura disparu et qu’elle sera remplacée par d’autres plus supportables, peut-être. En revanche, j’ignore encore quand ce moment aura lieu. Dans dix, quinze, vingt, trente ans ? Je n’en sais absolument rien.

    Avant je croyais qu’en ayant de supers potes, je finirais par accepter davantage la médiocrité de mon existence et mes défauts aussi, que le fait de me retrouver avec eux pour déconner ensemble allait me rendre la vie plus légère. Aujourd’hui, je m’aperçois que l’amitié n’est pas idéale, qu’elle fausse parfois ma conception de l’humanité.

    J’admire la pondération, la douceur et la limpidité. C’est en gros ce vers quoi j’aimerais tendre en grandissant. Calmer mon impatience pourrait me donner des forces pour aller plus loin dans mon raisonnement. Je manque de bases pour y parvenir et je ne vois pas où j’arriverai à me les procurer ces  foutues fondations qui rendent ma maison toute bancale. À force de donner des coups de pieds dedans pour la redresser, je me fais mal. Si seulement la souffrance engendrait automatiquement le bonheur, ce serait plus simple. Ma nervosité m’empêche d’y croire et mon histoire personnelle me pousse à penser le contraire.

    Parfois je me demande si papa n’est pas responsable de la mort de maman. Les seules fois où nous en avons parlé, il était tellement mal à l’aise. Pourquoi a-t-elle mis fin à ses jours alors qu’ils avaient tout pour être heureux, selon mémé ? D’ailleurs elle aussi, elle est bizarre quand elle parle de papa. On dirait qu’elle lui reproche quelque chose. Je sais qu’elle ne lui pardonnera jamais de n’être pas venu à l’enterrement de pépé, mais à part ça ? En plus, les conneries dont papa parle souvent et qu’il regrette d’avoir commises viennent peut-être de là, de son sentiment de culpabilité. Il n’a jamais été clair là-dessus et c’est surtout ça qui m’a toujours intrigué. En quoi aurait-il pu être responsable de sa mort ? L’aurait-il poussée à bout à cause de son côté invivable ? Jamais je ne l’ai entendu prononcer une parole gentille à l’égard de maman. C’est délicat d’interroger son père sur sa vie passée quand on le soupçonne d’être à l’origine du suicide de sa propre femme et qu’on n’a aucune preuve contre lui.

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