• J'ai appris à nager

     

     

    Nager 

    J'ai appris à nager en regardant mon père. Tu nages comme un poisson, une sirène, un dauphin, parfois. J'ai commencé à nager comme un chien. Tu as vite pris du plaisir dans l'eau. Dans l'Aisne, enfant, je m'amusais à aller doucement vers des endroits où je n'avais pas pied et je revenais vite là où je pouvais sentir le fond boueux. Tu peux rester dans la mer des heures et des heures. Je nage la tête hors de l'eau. Tu rigoles quand tu me vois nager. Je nage comme mon père, la nage indienne qu'il a apprise seul pendant la guerre d'Algérie. Je crois que peu de gens nagent comme moi. J'avais bien remarqué quand on allait en vacances au bord de la mer que mon père ne nageait pas comme les autres. C'est lui qui m'a précisé un jour de juillet que c'était la nage indienne, la tête sur le côté, le bras gauche tendu devant soi et le bras droit faisant des petits mouvement de brasse. Une nage asymétrique qui m'impressionnait. C'est difficile de changer de nage. Tu es plus à l'aise avec la brasse, mais le crawl ne te fait pas peur ni la nage papillon. Tu parles du sentiment agréable de glisser dans l'eau que je ne ressens pas. Je pense à l'immensité liquide sur laquelle mon corps flotte et tente de se débattre du mieux possible pour ne pas couler. 

     ( Extrait de Garage, néon, hélicoptère et autres mots d'amour coécrit avec Balval Ekel, Editions Jacques Flament)

     

     

     

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