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La mer est toujours loin
Loin
La mer est toujours loin de toi. Sauf quand nous vivons un mois par an juste à côté d'elle. C'est là que tu te sens le mieux. Le reste du temps, tu t'imagines vivre dans l'eau, le soleil au-dessus de la tête et les idées claires. Ce sentiment océanique est beau. Il me rappelle que je l'avais aussi, petit. Avec le temps, je l'ai perdu, contrairement à toi. Enfant, j'attendais avec impatience les prochaines vacances de juillet pour retrouver ce qui te manque encore à cinquante-sept ans. Que s'est-il passé entre cette période, où plus rien ne comptait que séjourner au bord de la mer pendant quinze jours une fois par an dans un terrain de camping, et les années d'après vers l'âge adulte où la mer - que je continue à aimer - ne me procure plus le même plaisir qu'avant. Je repense à l'immense tristesse que j'éprouvais quand mon père pliait la tente, après quinze jour d'océan, matin midi et soir et que nous devions rejoindre notre Picardie bucolique. Tous les ans je revis avec toi un peu de ma jeunesse lointaine quand après un mois passé au bord de l'Atlantique, tu as la gorge serrée de repartir, des larmes au fond des yeux. Je me revois enfant avec l'envie atroce de vomir dans la voiture pendant notre voyage vers un horizon plus champêtre et forestier.
( Extrait de Garage, néon, hélicoptère et autres mots d'amour coécrit avec Balval Ekel, Editions Jacques Flament)
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