• Nous nous disions l'autre jour

     

     

     

    Nous nous disions l’autre jour, avec le groupe de parole, que nous étions tous des gens timides avant qu’un attentat ne bouleverse nos vies. Tous. Pas un seul – ou une seule – des participants n’aimait parler en public de façon générale et encore moins si c’était pour évoquer sa vie privée, ses sentiments ou ses émotions. Quelque chose de dérangeant nous rendait mal à l’aise dès qu’il fallait prendre la parole au sein d’un groupe aussi minime soit-il. Sans doute avions-nous en nous une grosse pudeur que le deuil a effacée. Cela me trouble encore de penser que la disparition d’un être cher puisse changer notre nature profonde. Une parole en entraîne une autre, puis une autre et ainsi de suite jusqu’à ce que des échos se forment et que notre solitude inconsolable se fasse acceptée telle qu’elle est. Nous sommes conscients un peu plus maintenant, que l’équilibre tient à un fil qu’on est sans cesse obligés de retendre jour après jour. Sinon c’est la chute assurée. Nous restons en vie par amour. Peut-être. Et cela j’étais loin de l’imaginer. Je pensais jusque-là qu’il suffisait de perdre un être aimé pour n’être plus rien qu’un homme ou une femme sursitaire.

    ( Extrait d'une courte fiction inédite de 100000 caractères )

     

     

     

     

    Blogmarks

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :