• Nouvel article à propos de Après la nuit après signé Murielle Compère-Demarcy dans la revue Texture

    Thierry Radière : « Après la nuit après »


    Les wagons du temps, « Après la nuit après », roulent brinquebalant sur le rail du quotidien avec, des ralentissements ou des courts-circuits dans nos avancées vaille que vaille reconduites, pour ramasser les miettes des jours précédents, prendre chaque nouveau jour on ne sait pas encore « par quel bout » et lorsque l’imagination nous escorte, nous projeter vers un ailleurs, ici, à hauteur des cheminements où nous invite la vie à ses voyages (intérieurs, géographiques, oniriques). 


    « Nous regardions les miettes tomber de la
    nappe les piles usagées là sans énergie que
    celle d’attirer le regard de l’inconnu en train
    de se demander par quel bout prendre le jour
    une fois qu’il s’impose et qu’on voudrait qu’il
    file dans une direction où nous conduire
    serait rejoindre les artistes déjà à la peinture
    dans leurs ateliers à finir par les contours
    noirs autour du cœur. » 


    « Après la nuit après », le monde perd ses repères habituels et sa réécriture se joue dans l’entre-deux des songes et du réel. Nous transformant dans nos limites et contours, nous aussi, devenant dès lors les détecteurs comme « Des fleurs sous la tapisserie » (éd. Le Citron Gare ; 2016), pour reprendre le titre d’un opus de la poète Marlène Tissot que Thierry Radière cite en exergue pour offrir l’argument de son recueil : « Sans doute qu’on a tous / nos sombres petits secrets / pour échapper / à l’étouffante obligation / de devoir être chaque jour / la même personne » (Marlène Tissot, « Nos parcelles de terrain vague »). Entre songes et réel, pas de mensonge mais un vaste pont poétique dont les haubans seraient les cordes sur le tablier d’une lyre. L’atmosphère, étrange et familière, retranscrite par les mots du poète, crée d’elle-même un nouveau phrasé du monde rythmé par des séquences syncopées, à bâtons rompus - juxtaposition de phrases-séquences mises bout à bout, sauts d’associations disparates jointes sur un même fil - où se rassemblent des pièces du puzzle onirique lorsqu’il est à fleur de réveil. Un nouveau phrasé, nouveau langage, dont le sens s’interprète en ouvrant des portes du réel avec les clefs du songe et nous renvoie des miroitements empruntés tour à tour au fabuleux, au fantastique, au merveilleux, à ce qui nous interpelle et nous trouble. 
    Thierry Radière signe là les Métamorphoses de notre propre monde, qui ont le pouvoir de nous transporter dans un univers puissamment poétique, partie entière, partie intégrante de notre réalité captée par le regard-sonde d’un poète. « En un claquement des doigts » : des mots, un prestidigitateur nous projette dans une réelle autre dimension, télescopant les conjugaisons du temps chronologique, passé, présent, avenir. En convaincant le lecteur, « Après la nuit après », qu’« il faut bien se persuader d’illusions et voir au-delà du réel la vapeur et le large ne former qu’un ». 

    (Thierry Radière : « Après la nuit après », éd. Alcyone, coll. Surya ; 2018 
    67 p. ; 18 €)

     

     

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