• Dans Ouest France du 19.01.2022

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  • Extrait de Entre midi et minuit, La Table Ronde mars 2021

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    Où que j’aille et quoique j’entreprenne, je m’habitue à la cécité de ma solitude. Les yeux grands ouverts au milieu de la nuit, je parle en moi-même aux murs autour de moi. C’est cela vivre seul : s’apercevoir qu’il n’y a aucune différence entre le jour et la nuit et que les pensées que l’on a n’auront jamais l’écho qu’elles ont parfois quand la maison est pleine d’une présence. En étant seul mes rires ont jauni, mes yeux se sont délavés, et mes mots usés. Il fallait bien que cela cesse une bonne fois pour toute. Vieillir seul m’a effrayé mais d’un autre côté, je savais que plus aucune femme n’aurait pu ni me plaire, ni me supporter. À presque soixante-deux ans, la vie à laquelle j’aspire ne ressemble plus du tout à celle qui  m’a fait vibrer à vingt cinq : elle est plus silencieuse et moins bavarde.

     

     

    Extrait de 22/10, 22:10, Editions Jacques Flament, 

    https://www.jacquesflamenteditions.com/444-22-10-2210-thierry-radiere/

     

     

     

     

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    Voix

     

    Quand tu me parles de ton travail de journaliste, le soir, sur les ondes de Radio Campus à Toulouse - alors que tu étais encore étudiante -, je m'imagine entendre ta voix, la nuit, et cela me plaît. Les auditeurs téléphonaient pour te parler. Et tu leur répondais d'une voix que j'imagine bienveillante, chaude et sensuelle. Tu me diras, je n'ai pas de mal à imaginer ta voix de l'époque : je sais qu'elle n'a pas changé. Et le soir quand nous éteignons la lumière de notre chambre et que nous continuons à discuter, j'avoue me mettre dans la peau d'un auditeur de Radio Campus de l'époque et de toujours trouver un moyen de te faire parler pour l'unique plaisir de t'entendre. J'ai le privilège - contrairement aux auditeurs et auditrices de l'époque - d'avoir ta voix tout près de mon corps. Tu as mes oreilles à côté de ta bouche, sans aucun filtre. J'ai remarqué que l'obscurité avait sur ton timbre un effet amplificateur. C'est un peu comme un ciel piqué d'étoiles pour un promeneur noctambule, habitué à dormir dehors. Une fois allongé, les yeux occupés à suivre le spectacle figé des scintillements si lointains et si proches à la fois, il n'a plus d'autre choix que de s'endormir léger et comblé.

    (Extrait de Garage, néon, hélicoptère et autres mots d'amour, coécrit avec Balval Ekel, Editions Jacques Flament)  

     

     

     

     

      

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