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Je n'aime pas parler d'expérienceme dit-il souvent en faisant la grimacemais plutôt d'enduranceC'est elle vois-tu qui nous façonnejour après jourannée après annéeet nous rend plus forts.
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Tu sais ce qui m’émeutencore à mon âge ?me demande-t-ilc’est ce sentimentde surpuissance que je ressensdès que je me lèvele matin alors qu’au fondje suis un faible petit bonhommesans force et plein d'incertitudes.
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Si le sentiment d'accomplissement est difficile à expliquer, cela vient certainement du fait qu'il déborde toujours un peu sur des berges mouvantes. Je l'éprouve pendant un laps de temps assez court et immédiatement après, il est englouti par son environnement toujours un peu instable et déconcertant. Comme s'il ne fallait pas qu'il s'éternise, sinon à quoi bon continuer à écrire des poèmes. La nature est bien faite pour cela : elle me permet toujours d'aller plus loin. Le jour où mon sentiment d'accomplissement s'installera à perpétuité, je saurai que je n'ai plus à écrire de poèmes. Une autre grande contradiction de l'acte de création : la recherche frénétique du plaisir ultime ; celle d'avoir écrit une oeuvre dont l'auteur serait fier de A à Z et l'état de doute quasi permanent qui l'empêche de savourer ses petits instants de bonheur. Entre passé et futur, le poète que je suis essaie de bâtir des ponts afin de stabiliser un peu plus les passages d'une berge à l'autre de ses illusions.(Extrait d'un recueil - autour de mon expérience poétique - en voie d'achèvement )
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Avec le redouxil sort davantagefait le tour de son jardindonne à manger aux oiseauxprend le tempsde scier une bûche ou deuxqu'il transportedans son vieux panier en osiersans savoir que je veille sur luidepuis mon bureauoù je vois la terre entière.
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Tu peux pas savoircomme mes penséessont noircies de lignesd'écriture indéchiffrablequand j'essaie de les lireparce que je n'ai plusrien d'autre à me mettresous les yeuxme dit-il embêté.
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