Le mystère est entier

entre l’endurance et les rêves

se nichent de petites gouttes

elles s’évaporent puis reviennent

de plus en plus souvent

à faire pleurer en douce

les arbres les hommes

les bêtes les femmes et les enfants.

Personne ne comprend

ce que provoqueraient les fissures

une fois bouchées

là où l’air passe et se reforme ailleurs

non personne ne comprendrait

à part peut-être avec un sécateur.

Ces mouvements silencieux

sont également incompréhensibles

ils commencent le jour

et se poursuivent la nuit

quand les écureuils dorment.

Et les explications ne sont que des moyens

de rassurer ou au contraire d’inquiéter

mais jamais autre chose

de plus sincère à convaincre

n’importe quel doute

animal ou humain.

Est-ce sans faire attention

ou en étant trop attentif

que soudain tout devient clair

en une phrase

en un vers

en un regard posé ?

Les ombres sont encore plus puissantes

elles rentrent sans forcer le passage

dans l’épaisseur apparente

et produisent un bruit sourd

que personne ne comprend

avec leurs souliers d’enfant

impatients de grandir.

Voilà comment la mise en place

du décor pour le film intérieur

s’impose d’elle-même

telle une forteresse

le temps d’une obsession.

Chaque jour

est un pont

invisible

entre la nuit disparue

et le soir fatigué.

La traversée est un exercice

de haute précision

si on veut arriver

sain et sauf

la tête toujours remplie

de mots à écrire.

Avec les nerfs coupés

par la lune en deux

je sais que le jour prépare

des bouquets à mon attente

pleine et ronde

qu’aucun ciel ne peut peindre

sans bavure.

Tout en marchant

les idées s'enchaînent

tout en s'enchaînant

elles forcent la mémoire.

(Quatrains tout en marchant)