Il fait un temps

à regarder des vieilles photos

à dessiner sur des carnets

achetés il y a longtemps

à se dissoudre tel un sucre

dans une tasse de café

et à imaginer le pommier en fleurs.

Dans mon for intérieur

il y a des châteaux de cartes

des mouches volantes

et un parfum de fraise

dont j’aimerais parler :

ce sont les trois piliers

du décor de mon nouveau film

dont l’action se déroulera

dans l’atelier d’un artiste

que j’ai longtemps côtoyé

et qui est mort récemment

de manière mystérieuse

dans un hôtel luxueux

à Paris alors qu’il était pauvre.

Mes livres sont tous

des chats miaulants

des soucoupes volantes

des cendriers pleins à craquer

des fillettes jouant à la poupée

des maisons hantées

et des sacs de billes

retrouvés dans un grenier.

Mes livres sont tous

des bouteilles lancées

à la mer du haut d’un pont

souvent récupérées

(mais pas toujours)

par des pirates révoltés

ou des marins solitaires.