Où sont passés

ces mots que j'avais notés

quelque part dans un livre

écrit par un autre

et que je voudrais relire

parce que si je me souviens bien

ils me seraient d'un grand secours

aujourd'hui en plein hiver

les mains froides

le nez gelé

et les pieds endoloris ?

Où sont passés

ces personnages

entrevus

au creux d'une vague

près d'un parc

sur un manège

longeant les rues bondés

d'une ville asiatique

allongés sur un lit

les yeux bandés

au café fumant des Time

avec en arrière-plan

des vieilles chansons

de Brian Eno ?

Où sont-il donc ?

Moi qui croyais

que je les retrouverais

toujours en écrivant

je me rends compte ce matin

que cela prendra du temps

et que peut-être je les perdrai

définitivement.

Derrière les peupliers

à ma gauche

un ciel entièrement déchiré

se déhanche de manière frénétique

dans l'espoir j'imagine

de dégommer l'avion voyeur

filant à toute allure

sur ma droite comme dans les attentas

du onze septembre américain.

Le reflet de la flamme

du feu de la cheminée

dans la vitre de la fenêtre

de mon bureau

éclaire mes pensées

tout en brouillant les pistes

du chemin à prendre

pour terminer une fiction

commencée sans feu.

Le problème des émotions

n'est pas de les vivre

mais de les décrire

du mieux possible

et à sa façon

sans fleurs ni couronnes.

Voilà ce qui m'occupe

au quotidien et que j'aimerais

perfectionner encore et encore.