• C'est un mot

     

     

    Orée

     

    C'est un mot que ni l'un ni l'autre n'utilisons beaucoup. Pourtant sans t'avoir concertée, je sais que tu l'aimes tout autant que moi. La question est la suivante : pourquoi n'est-il pas plus présent dans nos textes respectifs ? J'aurais pu l'utiliser des dizaines et des dizaines de fois, mais non, je n'en ai aucun souvenir. Quand j'essaie de me remémorer tes derniers textes, même chose, je ne le vois dans aucun d'entre eux. L'aurions-nous fait exprès ? Ou est-ce un manque inconscient ? En tout cas la coïncidence est étrange : nous vivons depuis dix-sept ans à l'orée du plus grand massif forestier de Vendée, celui de Mervent. Je parle plus volontiers de lisière ou de clairière même - autre mot que j'affectionne particulièrement depuis longtemps. Et tu m'as appris le mot airial. Mais ni l'un ni l'autre n'ont à voir avec l'orée qui nous échappe. L'orée, que nous ne voyons pas près de chez nous, reste un mot que nous aimons sans oser l'employer à l'écrit. Sans doute cela vient-il du fait que ce mot est encore trop abstrait pour qu'il apparaisse d'une manière ou d'une autre dans notre littérature respective. Je découvre qu'il ne suffit pas d'aimer un mot pour que je l'emploie dans mes textes. Il doit y avoir sous sa belle peau un gros coeur qui parle au mien. Ou quelque chose comme ça.

     (Extrait de Garage, néon, hélicoptère et autres mots d'amour, coécrit avec Balval Ekel, Editions Jacques Flament)

     

     

     

     

     

       

     

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