• De retour à la maison

     

     

     

    De retour à la maison, main dans la main, Damien commence à lui faire comprendre qu’il n’apprécie pas ce qui vient de se passer à l’école. Martin a une excuse. Ce n’est pas de sa faute, c’est toujours lui qui prend, la maîtresse le sanctionne dès qu’il y a un problème. Son père aimerait croire son fils, mais il n’y arrive pas. Il poursuit ses explications jusqu’à ce qu’ils parviennent chez eux. Martin n’en démord pas, il n’est pas responsable. Son entêtement énerve Damien et il lui promet que si ça se reproduit, il sera puni ; il ne partira pas en camp avec ses camarades. Et là Martin explose en larmes, il affirme ne pas comprendre et Damien se demande si la sanction qu’il lui a promise n’est pas trop sévère. On le voit excédé cherchant à calmer sa colère. Il pensait qu’un enfant ça écoutait, à partir du moment où on l’aimait et où on s’en occupait. Sa plus grande peur c’est qu’il devienne un mauvais garçon, mais ça il ne peut pas le lui dire. La colère de Damien vient-elle de cette angoisse ? L’hyperactivité de Martin tracasse son père. Il aimerait tant que leurs relations soient moins conflictuelles ; que leur complicité coule de source ; qu’un déclic impromptu se produise et corrige toutes ces petites imperfections auxquelles il ne s’attendait pas en devenant père.

    Les pleurs de Martin durent toujours un certain temps et pendant qu’il succombe à la fin du monde dans sa chambre, Damien a le cœur à l’envers. Il tourne en rond dans la salle à manger à se demander s’il faut continuer à laisser pleurer son fils ou s’il doit aller le consoler. Il se dit que quelle que soit la décision qu’il prendra, ce ne sera jamais la bonne. Pourquoi pense-t-il cela alors qu’il n’en sait rien ? On a parfois des pressentiments que l’on ne s’explique pas. Celui-ci en est un qu’il a depuis le début. L’éducation d’un enfant est une grande aventure que l’on vit en solitaire. Il l’ignorait. Il faut sans cesse trouver le bon argument au bon moment, être irréprochable et exemplaire. On ne peut que s’améliorer en étant parent ou bien le contraire.

    Martin continue à pleurer dans les pensées torturées de son père, le laissant en proie à une culpabilité qu’il n’aurait jamais imaginée éprouver un jour.

    ( Extrait de Notes prises pour un film qui ne verra jamais le jour.)

     

     

     

     

     

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