• En équilibre constant 32

    III

     

     

    - C’est pas normal, Guillaume, que t’arrives à t’entendre avec personne. Qu’est-ce qui va pas ? Pourquoi t’essaies pas de t’inscrire dans un club de sport ou une association de jeunes comme eux ? Damien, Tom, Martin, Quentin et tous ceux que tu fréquentes ont une activité extra scolaire, toi-même me l’as dit. Plus tu resteras enfermé dans ta chambre et à t’engueuler avec tes potes, plus tu te couperas du monde. C’est pas bon ça, Guillaume. Il faut que tu t’aères l’esprit.

    - J’aimerais bien mais je me lasse très vite de tout ce que j’entreprends pour justement aller de l’avant et ne pas finir prisonnier de ma liberté.

    - T’as essayé un peu, comme je t’avais dit, de mettre sur papier tout ce que t’as dans la tête.

    - Ça résout rien. Au contraire, ça me file une angoisse supplémentaire ; celle d’être imparfait.

    - Ça ne te procure pas un petit plaisir personnel ?

    - Non plutôt une contrainte difficile à assumer jusqu’au bout ?

    - Qu’est-ce que tu veux dire ?

    - Je me sens obligé d’aller dans une direction que j’ai envie de changer après chaque relecture. À la fin des opérations, à force de m’être contraint à rester dans la voie que j’ai décidée au début, le résultat est très médiocre et ne correspond pas du tout à mes idées de départ.

    - Alors lâche un peu de leste avec tes contraintes et laisse-toi guider par les sentiments que t’inspirent tes relectures au lieu de t’accrocher à l’idée de départ comme tu dis.

    - Si je fais ça, je n’avance pas. Mon texte, à la fin, est un ramassis de ratures que j’ai du mal à relire.

    - Alors ne rature rien et commence à chaque fois une nouvelle histoire. Peut-être que toi t’es comme ça, en fait ; je veux dire par là que t’as besoin de tes brouillons de la veille pour partir sur autre chose. Dans ce cas, fonce : tu accumuleras comme ça des premières idées d’histoires et elles te serviront peut-être dans l’avenir. La seule chose à laquelle tu dois te fier, c’est à ton nouveau regard de créateur. Seul lui sait si tes brouillons d’hier valent le coup d’être repris pour être retravaillés ou mis à la poubelle.

     

    - Le problème c’est que je ne me considère pas comme un créateur. J’essaie de mettre de l’ordre dans mes pensées sans vouloir créer, comme toi, de la fiction. C’est seulement un peu de lumière que je recherche. Là, c’est comme si j’étais dans une grotte, que je ne voyais plus rien que mes petits problèmes et ils finissent par être énormes parce que je me coupe de tout le monde et je m’empêche d’avoir une vie simple. En écrivant j’espérais que ça allait m’aider. Mais non, c’est tout le contraire qui se produit : je suis encore plus égaré que jamais.

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