• Extrait d'une fiction souterraine

     

     

    Où que j’aille et quoique j’entreprenne, je m’habitue à la cécité de ma solitude. Les yeux grands ouverts au milieu de la nuit, je parle en moi-même aux murs autour de moi. C’est cela vivre seul : s’apercevoir qu’il n’y a aucune différence entre le jour et la nuit et que les pensées que l’on a n’auront jamais l’écho qu’elles ont parfois quand la maison est pleine d’une présence. En étant seul mes rires ont jauni, mes yeux se sont délavés, et mes mots usés. Il fallait bien que cela cesse une bonne fois pour toute. Vieillir seul m’a effrayé mais d’un autre côté, je savais que plus aucune femme n’aurait pu ni me plaire, ni me supporter. À presque soixante-deux ans, la vie à laquelle j’aspire ne ressemble plus du tout à celle qui  m’a fait vibrer à vingt cinq : elle est plus silencieuse et moins bavarde.

     

     

    Extrait de 22/10, 22:10, Editions Jacques Flament, 

    https://www.jacquesflamenteditions.com/444-22-10-2210-thierry-radiere/

     

     

     

     

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