• Filmer les murs

     

     

     

    Filmer les murs de la salle de bains avec en fond sonore les quintes de toux de Léa suffit à planter le décor. Je n’ai pas besoin de m’attarder davantage sur les regards des uns et des autres. D’autant plus qu'ils n’apporteraient rien au climat de complicité régnant dans ce lieu inattendu.

     Tourner ici la pensée invisible ; celle à l’origine de la tenue de la colonne vertébrale du désir m’intéresse au premier plan.

    Faut-il toujours quand on réalise un long métrage sur ses enfants ne penser qu’à ça et oublier le reste ?

    Martin, Julie et Léa dans mon film ressemblent à des pièces de jeu d’échec : ils avancent selon une stratégie décidée, revue et corrigée par le cerveau embué d’un joueur passionné. Les sursauts appartiennent aux parties remises.

    La fratrie est composée d’individus n’ayant  souvent rien à voir les uns avec les autres. Je m’aperçois en filmant que le sentiment de fraternité est volontairement absent de l’intrigue. Ainsi c’est davantage l’enfant en tant qu’être humain à qui j’ai voulu rendre hommage plutôt qu’à son rôle auprès de ses frère et sœur. Cela aurait tout faussé.

    Le regard du père posé sur chacun de ses enfants est singulier : il vient du nerf optique qu’il tend dans l’espoir de l’accrocher quelque part, à un bout de lumière qui lui fera accepter ce qu’il ne peut plus transformer, sinon en l’inventant.

    ( Extrait de Notes pour un film qui ne verra jamais le jour )

     

     

     

     

     

     

     

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