• La maison des mouches, extrait n°2

     

     

     

    Puis, dès que j’ai commencé à recouvrer mes esprits, plus rien. Le voile avait disparu. Il ne restait plus que d’épaisses volutes avançant lentement dans le ciel bleu sans le moindre bruit de vie autour de moi. Sur le coup, je croyais bêtement que j’étais mort et déjà arrivé dans les limbes de la délivrance. J’ai secoué la tête et délicatement, une mouche est venue se poser sur ma joue. Etait-ce un baiser des nues permettant d’attendre plus patiemment le jugement divin ? Mais qu’avais-je donc à penser à dieu ? L’idée d’y songer était-elle à ce point si forte qu’elle balaya subitement toutes mes convictions agnostiques d’être humain installé dans un purgatoire auquel il ne s’attendait pas ?

    Une fois les mouches revenues dans la chambre, je me suis aperçu qu’elles n’avaient plus rien de céleste. C’est dans cet état d’inconscience que j’ai échappé au pire. L’attente d’un dieu venu de je ne sais où devait être un reste mal digéré de mon enfance bigote que le sentiment d’être mort avait ravivé.

     

    J’ai la naïveté d’imaginer qu’une fois mort l’homme se transforme en mouche. D’où peuvent-elles bien venir si ce n’est de cimetières plus ou moins lointains ? J’ai beau chercher des nids, je n’en trouve aucun.

     

     

     

     

     

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