• Nous y sommes sensibles

     

     

    Musique 

     

    Nous y sommes sensibles tous les deux. Elle te fait pleurer quand tu l'écoutes, si bien que tu te caches pour vraiment t'adonner à ce plaisir particulier. Tu ne veux pas que l'on te voie dans cet état de sensibilité extrême. Tu n'as pas à te justifier, je te comprends. Dès que tu m'as expliqué ton hypersensibilité à la musique, je n'ai pas trouvé ça drôle, au contraire. Tu ne peux pas en écouter tout en travaillant. Il faut que tu choisisses à chaque fois entre ce moment rare et le travail quotidien. C'est tellement prenant pour toi, comme une vraie activité physique. Tu es remuée  dès que tu entends la voix de la Callas. Elle te transporte et te transperce de part en part. Quant à moi j'ai un plaisir plus abstrait et difficile à exprimer. Il est à la fois diffus et dense et quand l'émotion est à son comble, c'est intérieurement que tout se passe. Je crois que les vitres que j'ai en moi s'embuent doucement sans rien dire à personne. Je suis alors dans le flou le plus absolu, je n'y vois plus rien. Je veux dire que ma perception du monde extérieur n'est plus très nette à cause de cette vapeur diffusée dans mes entrailles. Elle est tellement épaisse qu'elle remonte et se colle aux verres de mes lunettes. Dans ces cas-là, je suis plus animal que jamais. Mon humanité disparaît soudainement.

    (Extrait de Garage, néon, hélicoptère et autres mots d'amour, coécrit avec Balval Ekel, Editions Jacques Flament)   

     

     

     

     

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