• Pendant ce temps

     

     

     

    Pendant ce temps, Danielle regarde Léa travailler avec son kiné. Ces exercices la laissent pensive. La salle de bains où se déroule la séance ressemble à un bloc opératoire. Le masque et la blouse que porte Stéphane ont tout de l’attirail chirurgical.

    Si seulement ces précautions hygiéniques pouvaient une bonne fois pour toute empêcher les mauvais germes de bouffer les poumons de ma fille, alors je serais prête à m’habiller comme le kiné toute ma vie, même pour aller au travail, pense Danielle.

    La toux de Léa est forcée par les gestes appuyés et professionnels du kiné. Elle veut plaire à Stéphane. Il la félicite à chaque crachat qu’elle ravale pendant que Danielle a la bouche pleine de salive avec l’envie  d’expulser de la gorge de sa fille ses sécrétions épaisses ; elles partiront avec le reste des repas plus ou moins bien digérés dans ses selles grasses.

    La stagnation des mucosités est inévitable, avec le kiné elle est moins grave, pense Danielle. Si seulement il pouvait la soulager pour le restant de ses jours ; qu’à son contact la vie redevienne normale sans menace supplémentaire de complication à prévoir et que la greffe soit évitée. Danielle n’espère que cela.

    Le silence enferme dans son antre l’attente d’une délivrance ; la fatalité du désespoir.

    À coups d’expirations et d’inspirations, Léa, à la lumière crue de la salle de bains, regarde sa mère pensive. Elle lui sourit. Danielle est gênée mais lui rend son sourire. Le kiné reste professionnel, méthodique et doux avec sa patiente. Les compliments qu’il lui adresse l’aide à travailler comme il le lui demande.

    (Extrait de Notes prises pour un film qui ne verra jamais le jour)

     

     

     

     

     

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