• Pour rien au monde

     

     

    Uniforme 

    Pour rien au monde je n'aurais porté l'uniforme militaire. Et jamais je ne le porterai. Quand tu m'as annoncé que ton père - d'adoption - était général de l'Armée de l'air, je me suis dit que j'allais avoir du mal avec lui. Je suis un ancien réformé P3 et fier de l'être. Tu as ri quand je te l'ai annoncé, avant que tu me présentes à tes parents. Et tu m'as avoué que si tu avais été un homme tu en aurais fait autant. Tu n'aurais pas supporté une seule seconde d'être incorporée dans un régiment militaire, même pour un an. Là aussi nous nous sommes bien trouvés. Je me revois encore, juste après qu'un officier de la caserne de Valenciennes tamponne ma carte militaire d'un gros P3 en caractère gras, me diriger vers le bar le plus proche de la caserne de mes trois jours, commander un demi, après avoir acheté une part de flan - le dessert préféré de mes vingts ans - dans la pâtisserie d'à côté, et célébrer égoïstement à la terrasse, en plein soleil, ce nouveau diplôme obtenu haut la main. Un soulagement immense venait de m'assaillir que je te raconte souvent avec émotion et que tu comprends. Je crois que c'était le meilleur demi de ma vie que je bus ce jour-là. La part de flan que je savourai n'a jamais été aussi succulente par la suite. 

    (Extrait de Garage, néon, hélicoptère et autres mots d'amour, coécrit avec Balval Ekel, Editions Jacques Flament)

     

     

     

     

      

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