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Cette sensation étrange
d’être entre deux voyages
jamais voyageur mais esclave
se perpétue avec les kilomètres
de sentiments
Ils vont plus vite dans la mémoire
et dans le réel
font des grimaces que les autres
prennent pour des masques de cire
puis au dernier moment
ont le même regard
que des restes d’œuvres
non achevées
Elle est là la dépendance
aux mobiles flottant reliés à l’âme introuvable:
elle rend fous les artistes
dans leurs ateliers
jamais contents
au milieu de la peinture
de ses bras de soie
à vouloir rentrer l’instant à l’intérieur.
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Servi tôt
le petit déjeuner est un cadeau du matin
sans paquet ni ruban à dénouer
juste un plaisir solitaire
d’un âge préhistorique
où les hommes vivaient loin
des chichis habités par la survie
des oiseaux dans le sang
des papillons et des feuilles
pointées vers le ciel.
Chaque minute écoulée
est un sens giratoire atteint
conduisant à des routes
que les grottes attendent impatientes
l’obscurité tel un passage obligé
long long
hors des toits
et des auvents
la crinière accélère
le mouvement embellit l’image
d’une volupté à venir.
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Sans la lune
pleine ou non
et ses airs
de douce vicelarde
peut-être aurions-nous
le sentiment de vivre
dans un monde lisse
et sans bavure.
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Sans ces volets clos
(dont j'aime imaginer
ce qu'ils cachent ou protègent)
peut-être serais-je incapable
de me souvenir de ce village
où quand j'arrivais
j'étais dans un film de Fellini.
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Sans le terrain vague
au-dessus duquel
planent des corbeaux
dans ma mémoire
peut-être serais-je
une algue échouée
sur une plage normande.
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