Le vin chaud

que nous avions bu

cet hiver-là

me revient en mémoire

telle une vague gigantesque

parfumant mon bureau

de cannelle à n'en plus finir.

Mercredi est bien arrivé à l'heure

mais cette fois en habits de tercet

requinqué léger et déjà au petit trot.

Mardi se sent pousser des ailes

tel un distique en mal d'oiseaux.

Aller d'une saison à l'autre

revient à traverser un fil

d'un point à un autre

tel un funambule jamais certain

de ne rien trouver sur son passage.

Je ne sais pas pourquoi

j'ai toujours aimé le mot rendez-vous

surtout quand les Anglais le prononcent

au milieu d'une phrase

à la prosodie chantante.

Alors là je l'entends

comme une invitation

à me rendre dans le pub le plus proche

à passer la nuit en compagnie

des joueurs de fléchettes

des pintes de Guinness

des rires gras

et des paroles discrètes

sortis de la pénombre musicale

des années insouciantes

et des espoirs en file indienne.