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Par Thierry Radière le 20 Mai 2020 à 06:27
Un poème en a entraîné un autre, un plaisir en a fait naître un second et ainsi de suite sans que j'y puisse grand chose. J'étais encore adolescent, je veux dire, je n'avais même pas seize ans. Je venais de découvrir qu'il existait sur Terre un plaisir autre que celui de la chair. Une vraie révélation dont personne ne m'avait parlé au lycée. Et encore moins à l'école. J'ai le souvenir d'avoir été si fier d'une de mes constructions verticales en vers que j'ai subitement eu envie de ne plus dormir de ma vie. Je veux dire passer mon existence entière à écrire ce que j'avais retenu en moi depuis que j'étais tout petit. Je crois que je m'étais dit ce jour-là, Mais le mal-être de mon enfance venait donc de là : de mon impuissance viscérale à créer ? Je ne voyais aucune autre raison. J'étais un enfant heureux avec des poèmes en moins. Maintenant je le pense vraiment. Je m'amuse parfois à m'imaginer en train de composer des poèmes à l'âge de quatre ans, alors que je ne savais ni lire ni écrire.
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Par Thierry Radière le 19 Mai 2020 à 08:11
Le premier poème que j'ai écrit, je ne l'ai pas gardé et je m'en veux. J'imagine qu'il devait être mauvais. Très mauvais. Un poème d'enfant parfois c'est très beau aussi. Mais le mien, je ne sais pas pourquoi, je sens qu'il devait être d'une nullité absolue. Ce que je n'arrive pas à savoir c'est comment l'idée d'écrire m'est venue. Ce n'est pas un hasard d'écrire un poème. Il y a tellement de choses plus spectaculaires et excitantes à entreprendre quand on est petit. J'ai certainement été touché par un texte. Si touché que j'ai voulu savoir si moi aussi je pouvais en faire autant. Je me connais. J'aimais la compétition. Mais j'étais mauvais joueur. Il n'y avait pas de livres chez moi. Alors c'est impossible que j'aie été influencé par la lecture d'un poème. Peut-être était-ce un texte que j'avais lu en classe alors ? Pourtant, la poésie qu'on étudiait en cours m'embêtait plus que tout. Elle était d'un ennui déprimant, je m'en souviens.
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Par Thierry Radière le 18 Mai 2020 à 06:57
Un long bégaiement
enfoui sous un tunnel
à n’en pas finir
d’un bout à l’autre
de l’ennui des armes
à portée du silence
le train avance
en évitant les sabotages
vus dans des films à la télé
quand chaudement
l’espace redevient une bouilloire
privée de biscuits
le thé des gorges tranchées
où les rideaux sont inquiétants
tirés devant le soleil
à avoir faim
en compagnie de l’album de famille
parce qu’il manque des photos
à l’attente d’un visage
qui naîtrait comme ça
sans être obligé de sentir le cirque
sous la peau et les fauves à retenir
seulement avec le désir naturel
d’aller d’île en île
un miroir absent du début à la fin.
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Par Thierry Radière le 17 Mai 2020 à 08:02
Ça peut durer longtemps
à moitié mort
à moitié vivant
la bouche ouverte aux picotements
le ciel rentré dans la gorge
de la paille sous les narines
bonnes à couler.
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Par Thierry Radière le 16 Mai 2020 à 08:21
Maintenant que j'ai le temps
je me demande ce que cela signifie
me glisse-t-il au cours d'une conversation
moi qui jusque là ne me posais
surtout pas ce genre de question.
(Quintils des confins)
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