•  

     

     

     

    Un poème en a entraîné un autre, un plaisir en a fait naître un second et ainsi de suite sans que j'y puisse grand chose. J'étais encore adolescent, je veux dire, je n'avais même pas seize ans. Je venais de découvrir qu'il existait sur Terre un plaisir autre que celui de la chair. Une vraie révélation dont personne ne m'avait parlé au lycée. Et encore moins à l'école. J'ai le souvenir d'avoir été si fier d'une de mes constructions verticales en vers que j'ai subitement eu envie de ne plus dormir de ma vie. Je veux dire passer mon existence entière à écrire ce que j'avais retenu en moi depuis que j'étais tout petit. Je crois que je m'étais dit ce jour-là, Mais le mal-être de mon enfance venait donc de là : de mon impuissance viscérale à créer ? Je ne voyais aucune autre raison. J'étais un enfant heureux avec des poèmes en moins. Maintenant je le pense vraiment. Je m'amuse parfois à m'imaginer en train de composer des poèmes à l'âge de quatre ans, alors que je ne savais ni lire ni écrire.

     

     

     

     

    Blogmarks

    votre commentaire
  •  

     

     

    Le premier poème que j'ai écrit, je ne l'ai pas gardé et je m'en veux. J'imagine qu'il devait être mauvais. Très mauvais. Un poème d'enfant parfois c'est très beau aussi. Mais le mien, je ne sais pas pourquoi, je sens qu'il devait être d'une nullité absolue. Ce que je n'arrive pas à savoir c'est comment l'idée d'écrire m'est venue. Ce n'est pas un hasard d'écrire un poème. Il y a tellement de choses plus spectaculaires et excitantes à entreprendre quand on est petit. J'ai certainement été touché par un texte. Si touché que j'ai voulu savoir si moi aussi je pouvais en faire autant. Je me connais. J'aimais la compétition. Mais j'étais mauvais joueur. Il n'y avait pas de livres chez moi. Alors c'est impossible que j'aie été influencé par la lecture d'un poème. Peut-être était-ce un texte que j'avais lu en classe alors ? Pourtant, la poésie qu'on étudiait en cours m'embêtait plus que tout. Elle était d'un ennui déprimant, je m'en souviens.

     

     

     

     

    Blogmarks

    votre commentaire
  •  

     

     

     

     

     

    Un long bégaiement

     

     

    enfoui sous un tunnel

     

     

    à n’en pas finir

     

     

    d’un bout à l’autre

     

     

    de l’ennui des armes

     

     

    à portée du silence

     

     

    le train avance

     

     

    en évitant les sabotages

     

     

    vus dans des films à la télé

     

     

    quand chaudement

     

     

    l’espace redevient une bouilloire

     

     

    privée de biscuits

     

     

    le thé des gorges tranchées

     

     

    où les rideaux sont inquiétants

     

     

    tirés devant le soleil

     

     

    à avoir faim

     

     

    en compagnie de l’album de famille

     

     

    parce qu’il manque des photos

     

     

    à l’attente d’un visage

     

     

    qui naîtrait comme ça

     

     

    sans être obligé de sentir le cirque

     

     

    sous la peau et les fauves à retenir

     

     

    seulement avec le désir naturel

     

     

    d’aller d’île en île

     

     

    un miroir absent du début à la fin.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Blogmarks

    votre commentaire
  •  

     

     

    Ça peut durer longtemps

     

     

    à moitié mort

     

     

    à moitié vivant

     

     

    la bouche ouverte aux picotements

     

     

    le ciel rentré dans la gorge

     

     

    de la paille sous les narines

     

     

    bonnes à couler.

     

     

     

     

     

    Blogmarks

    votre commentaire
  •  

     

     

     

    Maintenant que j'ai le temps

    je me demande ce que cela signifie

    me glisse-t-il au cours d'une conversation

    moi qui jusque là ne me posais

    surtout pas ce genre de question.

    (Quintils des confins)

    Blogmarks

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique