Il n’est jamais

trop tard

m’a dit un ami poète

l’autre jour en me lisant

et je sais qu’il a raison.

C’est pourquoi

j’ai décidé de lui rendre hommage

(à ma manière)

en lui rappelant

matin après matin

que nous sommes tous

des êtres en construction

que nous soyons enfants

adolescents adultes

ou vieillards.

Il suffit juste de le savoir

humblement dans son petit coin

de souris toujours à l’œuvre.

Il n’est jamais

trop tard

pour prendre le temps

de se sentir traversé

par de nouvelles émotions

capables de nous faire

prendre conscience

( à elles seules )

de la richesse de l’existence

au-delà des apparences.

J’aurais pu être

un champignon hallucinogène

poussant dans un pré

où les vaches viennent

paître et dormir

mais je suis devenu

une chemise à fleurs

toujours en train de sécher

sur un fil à linge

exposé en plein vent l’hiver

ou au soleil l’été.

J’aurais pu être

un trait fin

sur un dessin

de Cocteau

mais je suis devenu

un personnage enfantin

entouré de larges

bordures noires

autour du corps

dans un tableau

de Chaissac.

J’aurais pu être

un sentier inconnu

de tout le monde

perdu dans un pays

rayé des cartes

mais je suis devenu

une herbe haute

poussant seule

au milieu d’un jardin

jonché de fleurs

de pissenlits

et de violettes sauvages.