Il n’est jamais

trop tard

pour dormir à la belle étoile

même en hiver

histoire de rêver

à des bonhommes de neige.

Ce qui n’arrive jamais

l’été quand on passe la nuit

dehors les yeux fermés.

Il n’est jamais

trop tard

pour apprendre à voler

rien que pour le plaisir

d’imaginer qu’on a des ailes

et qu’on pourrait danser

avec les oiseaux

naturellement

en faisant des boucles

en rasant les arbres

en se frôlant les uns les autres

avec le même bonheur

que celui qu’éprouvent les poissons

quand ils se retrouvent

après avoir échappé

aux pêcheurs.

Il n’est jamais

trop tard

pour terminer

un collage

entrepris

il y a plus de quarante ans

et interrompu subitement

à cause d’une mauvaise nouvelle.

S’y remettre le douze janvier 2023

c’est un peu parier

sur le pouvoir incroyable

qu’on garde en nous

pour avancer malgré les peines.

Il n’est jamais

trop tard

pour commencer

à ralentir

et avoir enfin

la sensation d’être

léger vif et à l’écoute.

Il n’est jamais

trop tard

pour reconnaître

ses faiblesses

ses fissures

ses fausses notes

et ses oublis.

Il n’est jamais

trop tard

pour se remettre à jouer

en écrivant

des petits bateaux

en papier

posés dans une rigole

et en dessinant

des lettres d’amour

parfumées

à lire le soir

avant de s’endormir.

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