•  

     

    D'un vol d'oiseau, j'ai appris à en faire un désir de vie intense. D'un regard perdu vers l'horizon, j'en ai fait une attente sublime à dénouer mes nerfs et à assagir mes rancoeurs.  Quand la buée dégouline le long de la vitre, je vois un périple au bout du monde. Si le lampadaire de la rue en face de chez moi est allumé à six heures du matin, je ne peux pas m'empêcher de songer que c'est pour mieux m'éclairer, au travail, à mon bureau. Dès qu'un souvenir imprécis mais imposant par son insistance se dresse devant moi, je l'attrape et le triture dans tous les sens au point de le malaxer comme une pâte. À force, il devient un plat à manger. Si bien qu'en goûtant ce mets aux saveurs forestières, on pourrait croire qu'il est issu d'une cuisine héritée de ma famille et apprise par coeur. Mais non, il n'en est rien.  C'est un pur produit de mes sens. Je suis moi-même intrigué par la texture au palais et je me laisse aller à des divagations. Elles seules forment l'épaisseur de la matière.

     

     

     

     

     

     

    Blogmarks

    votre commentaire
  •  

     

     

    Parfois je me dis que la poésie que j'aime lire ressemble à un dernier râle échappé de la bouche de son auteur avant qu'il passe l'arme à gauche.  Bien sûr, le poète ne meurt presque jamais après avoir écrit son texte. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a un geste ultime que je sens et qui me touche au plus profond de moi. Cette sensation s'accompagne  de désirs de vie intense et d'écriture encore plus forts. L'effet de la poésie sur mon psychisme est à nouveau paradoxal, comme je l'ai déjà expliqué. Je me sens à la fois démuni et requinqué. Aucun autre art n'agit de la sorte sur mon mental, à part la musique. L'expérience d'une telle contradiction ne me laisse pas indifférent, bien au contraire. Je me considère, en tant que lecteur, comme un survivant des émotions. Avec le temps, je survis de mieux en mieux, contrairement à toute attente. Encore un autre paradoxe, propre à mon rapport à la poésie. Le poème que j'aime me fait sortir de ma tombe d'enfant mort.

     

     

     

     

     

     

    Blogmarks

    votre commentaire
  •  

     

    Ce qui est merveilleux et stimulant dans l'écriture poétique, c'est la capacité qu'elle m'offre tous les jours à découvrir mon monde imaginaire. Comme si ce dernier m'avait été confisqué en grandissant, en vieillissant devrais-je dire. Ecrire de la poésie est pour moi une  manière de repartir à la conquête des plumes que j'ai laissées par terre à force de raison, d'indisponibilité et de conventions sociales. Poème après poème je m'amuse alors à recoller sur mon corps glabre et frissonnant mes plumes ramassées par terre et retrouvées. Forcément avec le temps, le collage est imparfait et surprenant.  Cela ne me dérange pas, bien au contraire : ce sont réellement ces deux caractéristiques que j'aime travailler. Il m'a fallu du temps pour comprendre que c'est dans cette voie et pas une autre que je dois poursuivre. Au fur et à mesure de mes collages, je perds bizarrement du poids. Je me sens plus léger. Au point d'envier tous les oiseaux qui reviennent sans cesse dans plusieurs de mes écrits.

     

     

     

     

    Blogmarks

    votre commentaire
  •  

     

    Il m'arrive toujours d'écrire des poèmes dont je ne suis pas satisfait à cent pour cent. Cependant un détail ou deux du texte me suffisent pour le garder. J'ai la même habitude quand je lis de la poésie. Un seul vers est parfois suffisant pour que j'aime l'ensemble. Cette force-là n'existe nulle part ailleurs. Elle fait chavirer mes convictions esthétiques en un rien de temps. C'est ce que je recherche dans les poèmes que je lis et que j'écris. Se retrouver en une seconde retourné comme une crêpe - alors que je pensais être confortablement assis pour déguster ma lecture- est forcément inoubliable. Et puis parfois, en écrivant, les coups de poing volontaires qu'on donne sur la table deviennent des petits cris inaudibles pour le lecteur. Ecrire de la poésie c'est comme coudre heure après heure des morceaux de tissus entre eux qui n'avaient rien à faire ensemble au début. Puis à la fin finissent par former une pièce tout à fait originale, même si elle est immettable au quotidien.

    ( Extrait d'un recueil inédit )

     

     

     

    Blogmarks

    votre commentaire
  •  
     
     
     
     
    Grâce à ces paroles
    Entendues sur une scène de théâtre
    Et les images d’une exposition
    De peinture restées en mémoire
    Depuis plus de vingt ans
     J’écris une histoire
    Qui se passe exclusivement
    dans un hôtel de province
    Juste avant Noël.
     
     
     
     
     
     
     
    Blogmarks

    votre commentaire