Que reste-il de ce texte

écrit un jour dans le train

Paris Bruxelles

sinon des allusions

ici et là à des gens endormis

des veilleurs insomniaques

et des arbres qui défilent

comme dans un rêve ?

Que reste-t-il

de ce repas où nous avions ri

comme des fous

dès l’apéritif et jusqu’au dessert

sinon un désir de légèreté

enfoui au fond du ventre

dès qu’il fait plus froid ?

Que reste-t-il

de ces photos prises

rangées et disparues

que j’aimerais revoir

sinon une envie

de recréer ce qui n’est plus

avec mon regard

d’homme encore stupéfait

d’avoir une mémoire d’éléphant

intacte et de plus en plus précise ?

Que reste-t-il

de ces orages

de fin du monde

de ces inondations

de films d’horreur

sinon des visages d’hommes

de femmes et d’enfants

que j’ai appris à reconnaître

au milieu de plein d’autres

qui n’ont jamais connu

de catastrophes ni de peur extrême ?