Le poème qui vient en voyageant

n’a rien de solennel

bien au contraire.

Il a plutôt l’apparence

d’un clochard que tout le monde

fuit sans hésiter.

L’air de musique

qui vient en écrivant

se perd dans les méandres

de rêves éveillés

puis revient au moment

où je l’attends le moins

une cigarette à la bouche

un verre de whisky à la main

une voix à la Tom Waits

me dire que le monde entier

est vert que je le veuille ou non.

Ce jour-là

j’aurais pu

aller plus loin

et partir dans

une autre direction :

je sentais bien

que je faisais

fausse route

en passant la nuit

dans cette auberge

de fortune.

Mais en même temps

ce sentiment

d’être à côté de la plaque

m’a permis

de prendre conscience

de la profondeur

de mon entêtement

et de m’écouter davantage

plutôt que d’agir

dans l’espoir que

quelque chose

(de forcément improbable)

surgisse comme dans un tour

de magie gros comme une maison.

Loin de moi

l’idée de tout

comprendre.

J’aimerais

simplement

mettre un peu

d’ordre

dans mon ignorance

de façon à

être le plus sincère

qui soit.