C’est peut-être parce que je vis trop comme une éponge que je me sens la plupart du temps flotter à la surface de mon vide intersidéral et que le malaise existentiel se fait alors plus grand. Etre dans le feu de l’action en continu empêche ces dérives que la bouée que je suis ne peut éviter. Peut-être faudrait-il que je réfléchisse à cela. Mais d’un autre côté, je crains qu’en m’étourdissant d’activités très prenantes, je n’aie plus le temps d’être moi-même, capable de flotter, de recevoir et de rebondir. J’ai peur de couler, au contraire, et de me noyer dans le flot de l’action. Je n’ai pas choisi d’être celui que je suis. J’ose simplement assumer les limites de mon existence. Grâce à elles je me focalise davantage sur ce que je suis capable d'entreprendre et j’essaie d’être du mieux que je peux, de restituer à ma manière ce qui me touche : la seule preuve tangible de vie pour moi. Je m’attache tant bien que mal à ces images que j’enregistre et ces paroles capturées au hasard du quotidien et avec lesquelles je compose un univers se précisant de jour en jour.