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    Il pleut dehors
    comme vache qui pisse
    et pourtant je ne sens
    aucune goutte
    tomber sur moi
    à tel point
    que je me demande
    si je ne m’invente pas
    des sens une perception
    une existence au service
    de ma littérature
    et de son souffle.
     
     
     
     
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    Mon métier est de réparer les horloges urbaines. Mais j'aime bien, pendant que je travaille, photographier la vue que j'ai de ma hauteur. Ici vous y voyez de manière floue, au deuxième plan, les immeubles de la cité où je suis né et son canal bordé d'arbres. Le ciel a toujours son importance dans mes photos. Ici, le fait qu'il soit grisâtre fait ressortir le noir des aiguilles de l'horloge. C'est la première fois que je les photographie d'aussi près. J'ai trouvé l'idée intéressante. J'y ai tout de suite vu un espace insolite pour dire d'où je viens. C'est comme si j'étais redevenu l'enfant curieux que je fus jadis, et que dans le trou de la serrure du temps, je revoyais l'endroit où je suis né comme jamais je ne l'avais vu. De manière pas très nette, lointaine, mais quand même là, visible, rempli d'ombres avec le couvercle du ciel septentrional posé au-dessus de lui.
    En revoyant cette photo prise il y a un an, je comprends mieux maintenant pourquoi j'ai choisi de m'occuper de réparer les horloges urbaines.
     
     
     
     
     
     
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    Au balcon d’une maison inconnue, il pêcherait des poissons multicolores qu’il s’empresserait de montrer à sa femme, assise un peu plus loin, en train de prendre un bain de pieds avec dans la bassine en plastique tous les autres pêchés par son mari. Elle s’écrierait, à chaque nouvelle prise, qu'eux seuls lui font du bien : quand ils viennent manger la corne de ses pieds. Ces remarques exciteraient l’enthousiasme de mon personnage : il n’en finirait pas d’avoir des touches et se sentirait enfin servir à quelque chose dans la vie.
    Tu vois, dirait-il à sa femme, quand on reste longtemps penché à son balcon, on finit par avoir la mer à ses pieds.
    Et elle lui répondrait :
    - C’est parce que tu rêves que tu dis ça. Les rêves c’est toujours comme ça ; c’est un peu la peinture abstraite de notre âme.
     
     
     
     
     
     
     
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    Je me souviens, en pensant à mes ennuis de sommeil d’adolescent, qu’un jour, malgré moi, je m’étais baladé toute la nuit avec un poulet congelé à la main que ma mère venait de me donner - suite à un dîner pris chez elle - mais que je n'avais pas pu remettre au réfrigérateur faute d’avoir laissé les clés de mon appartement à l’intérieur de la voiture enfermée dans mon garage. Quand je m’étais aperçu - avec à la main mon poulet glacé que je tenais dans une poche en plastique - que j'avais claqué la porte du garage avec les deux clés restées dans mon véhicule, je m’étais traité de tous les noms. En plus, je n’avais pas un sou en poche, ni ma carte téléphonique d’ailleurs - le portable n'existait pas à l'époque - afin de joindre ma mère : elle, elle, détenait le double de mes clés de garage et d’appartement. Je les lui avais confiées quelques années auparavant, suite à un dégât des eaux que je ne pouvais faire constater par l'expert en assurance : j'étais absent ce jour-là.
    Toute la nuit j'avais erré dans les rues de Reims, mon poulet décongelé à la main. J'avais cherché un endroit chaud où m’assoupir en attendant de retrouver ma mère : à huit heures, elle prenait son service à la gare de la ville.
    Je m’étais d’ailleurs servi de cette petite anecdote dans mon livre "Le poulet décongelé" pour raconter une brève histoire d’amour passionnel entre une jeune clocharde et un étudiant en cinéma qui s’était, un soir, retrouvé sans toit à cause d’un oubli insensé. Condamné donc à passer la nuit dans les rues et forcément à rencontrer des SDF, il avait fini par sympathiser avec une magnifique Bosniaque dont il était tombé amoureux. Bien sûr j'avais complètement modifié les faits, mais le fond de l’histoire, je l’avais gardé tel quel. Son poulet qui décongelait au fur et à mesure que son cœur s’enflammait pour la jolie Dzemila était, quand j'y songe encore aujourd’hui, la plus belle allégorie de l’amour que j'aie écrite. Avec l’apparition du soleil au petit matin, la passion des deux personnages et le poulet en cours de décomposition dans sa poche en plastique, j'avais réussi à raconter l’amour vu de l’intérieur.
     
     
     
     
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