Juste là au ras des herbes

à la cime des pins

des rouages dans le ciel

laissés par les nuages

en plein rêve

jouent des musiques secrètes

qu’on entend dès qu’on devient sourd.

C’est comme un grenier

les jours où je pense à ce je vais faire

il y en a partout

du sol au plafond

les malles se chevauchent

les livres s’empilent

les affaires sentent le moisi

et je dois trouver

parmi ce désordre

un reste de petit parfum

à asperger dans le cou du matin.

Je repense à des poèmes que j’aime

et je me dis que je ne saurais pas expliquer

pourquoi je les aime

pourtant ils ne racontent rien de spécial

seulement des idées que j’ai déjà eues

et que je n’ai pas su formuler

c’est ça qui me plaît

sans aller chercher midi à quatorze heures

le principal ce sont les îles qu’ils laissent

à la surface de mes pensées

et en flottant finissent par se souder

à ma barrière de corail

jusqu’à former une péninsule

dès que je lis des poèmes que j’aime

et qui me sauvent de la noyade

alors que je croyais nager.

Sont-elles vraiment descriptibles

les pentes et les descentes

des circuits arrivés jusqu’à moi

alors que je dormais ?

Ce n’est pas facile d’avancer

sans avoir l’air d’un monstre

au moment où les passants

voudraient me dire bonjour

avoir de mes nouvelles

et que je n’en ai aucune à leur donner.