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J’ai au bout des doigts
des fourmis rouges
et elles essaient
de m’entraîner
vers leur antre
tous les matins.
Au somment du crâne
des oiseaux bleus
en train de picorer
des miettes de songe
dont ils raffolent
pour prendre des forces.
Au fond du ventre
des papillons
se cognant les ailes
contre les murs
de la chambre d’ami
toujours prête pour eux.
Au milieu des yeux
la queue d’un renard
qui dépasse
depuis la naissance
et me fait loucher
à force de frétiller
résultat des courses
je vois tout en double
et donc n'ai aucun doute
que je suis bien en vie.
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La lumière s’impose ce matin
tel un film en noir et blanc
(avec des visages de personnages
ressuscités depuis longtemps)
spécialement projeté
pour un enfant venant de naître.A croire qu’une fois
rentré dans le cœur
le souvenir est indestructible.Les scènes s’enchaînent
et les dialogues fusent.La route n’est pas
ce que l’on prend
(dit un des acteurs)
quand on roule en voiture
c’est autre chose
de plus intérieur
de plus subtile aussi
qu’aucun dessinateur
ni peintre ni musicien
ni écrivain n’est capable
de reproduire si ce n’est
en soupirant devant son travail
à peaufiner à reprendre
à jeter même
les yeux grands ouverts
la bouche fermée.
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Quand dès le matin
les phares d'une voiture perdue
pénètrent à toute vitesse
le silence de ton bureau
telle une étoile filante
au-dessus du linge
séchant de la veille
tu te dis
que tu te sens minuscule
chez toi en train d'écrire.
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il y a de la neige
les voitures attendent
que les hommes et les femmes
se réchauffent ensemble
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Et dans les Landes
un homme gentil
s'était fait gicler
la cervelle à cause
de sa femme infidèle
et méchante avec lui
depuis des années
il n'était pas mort
sur le coup
Comment fait-on
pour ne pas mourir
sur le coup
avec une cervelle
en moins explosée
sur l'écorce d'un chêne-liège ?
Extrait de Poèmes géographiques, Editions Le pédalo ivre.
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