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    Thierry Radière, Les samedis sont au marché. Illustrations de Virginie Dolle. Les Carnets du dessert de lune, 2017

    Thierry Radière nous parle du marché du samedi matin, où il se rend avec sa femme et sa fille. Les textes en prose mêlent évocations du marché, souvenirs et questions existentielles. À l’entrée des halles, il y a le joueur d’accordéon, toujours souriant, jovial. Derrière leurs étals, les marchands ont la bonne humeur communicative. Le marché du samedi matin permet de faire une pause, il est une parenthèse dans la semaine, un moment de fête où l’on prend le temps de déambuler, de rêver, de laisser son imagination vagabonder, d’écouter les conversations. Les cœurs se laissent aller à plus de gaieté.

    Les gens boivent un café à la terrasse, le soleil dans les yeux, des rêves continuent près des céleris, des carottes et des navets que le panier - sur le point de craquer - contient.

    Devant un étal, les souvenirs ressurgissent. Souvenirs des ancêtres qui trimaient la terre. Le temps s’arrête soudain. Les laitues, les œufs de canes comportent une part d’infini. L’instant se déploie, se distille dans l’espace.

    C’est devant l’étal des épices et des fruits confits en tout genre que la vie prend son sens. Tout s’arrête soudain et se fixe telle une image longtemps aimée en secret.

    Pour Thierry Radière, aller au marché, c’est prendre conscience d’où il vient, de sa mère qui n’a jamais pu s’offrir le luxe de faire des promenades, prise entre le ménage, les enfants, leurs devoirs, leurs activités, les courses au supermarché, la cuisine.

    Le marché, c’est le sel de la vie. C’est la saveur des fèves à la croque au sel, qui rappelle la pomme de terre cuite à l’eau et mangée avec un bout de beurre et une pincée de sel, celle que l’on dégustait pendant l’enfance.

    Le marché, en grandissant, colle à la fin de semaine comme un bonbon au papier en plein soleil

    Valérie Canat de Chizy

    https://www.terreaciel.net/Lus-et-approuves-avril-2018

     

     

     

     

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    et toutes ces belles interrogations
    ne me quittent pas
    une fois que j'ai terminé le livre 
    elles flottent 
    comme des oeufs de grenouille
    à la surface de l'étang intérieur
    de mes songes animés 
    en permanence
    dans l'attente d'une éclosion 
    somptueuse
    au milieu des nénuphars
    bien installés 
    eux
    depuis si longtemps
    qu'ils rêvent d'un autre milieu
    où fourmilleraient de magnifiques
    petits têtards frétillants
    caressant leur longue tige verte.

     

     

     

     

     

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    Tout autour des yeux
    ses cernes racontaient 
    des histoires d'horreur 
    qu'on regardait de loin
    avec la vague envie
    d'en connaître davantage
    sur l'origine de sa prison.

     

     

     

     

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    j'entends pleurer quelque part
    une femme on dirait un homme
    peut-être quelqu'un entre les
    deux tous les jours à une heure
    précise du soir quand les
    enfants sont au lit et je
    n'arrive pas à fermer les
    yeux dès que ça s'arrête:
    je pense déjà au lendemain
    à la même heure aux mêmes
    pleurs venus de je ne sais où

     

     

    Extrait de Juste envie de souligner, éditions La Porte, 2015.

     

     

     

     

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    Un poème en appelle un autre
    et ainsi de suite
    tout le temps: 
    d'enchaînements en enchaînements
    l'infini se décompose
    en bribes inénarrables
    de nous-mêmes 
    formant ainsi des colliers
    par milliers
    pour les soirs où l'on veut
    se faire une beauté
    rien que pour soi
    et pouvoir enfin choisir.

     

     

     

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