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Tu voudrais que
ce soit Noël tous les jours
au milieu des papiers cadeaux
et des lumières clignotant
un peu partout dans la maison
et ce rêve de toi me suffit
pour me faire oublier
les ombres et le brouillard
déguisés en vautours impitoyables.
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Tout est là
dans cette obstination
de détenu à aller
vers plus de liberté
que la chance d’écrire
aiguise jour après jour.
La progression s’effectue
les yeux fermés
et le cerveau en alerte.
Un autre paradoxe
de l’écriture chez moi.
Il faut qu’une partie
de mes sens soit éteinte.
Afin que l’autre
éveillée
fonctionne à deux cents pour cent.
Peut-être parce qu’écrire
c’est accepter de mourir
un peu à chaque fois
sans savoir si les résurrections
auront lieu ou non
si mes petites morts
cumulées les unes aux autres
seront de vrais spectacles
pour mon impatience de rescapé.
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Poser noir sur blanc
le résultat de ses divagations
peut paraître inutile et vain.
Pourtant il n’en est rien.
L’inutilité et je l’ai compris tardivement
m’intéresse de plus en plus.
Grâce à elle
je relativise le sens du mot utile.
Je pensais que j’avais toujours été libre
d’écrire ce que je voulais.
Je m’aperçois
en commençant ce nouveau chapitre
que même en littérature
la notion de liberté mérite d’être nuancée.
Au départ
le sentiment d’être enfin
sorti d’une prison invisible
de pouvoir respirer sans modération
l’air frais du grand large
se transforme peu à peu
en attachement viscéral
que la liberté d’écrire accentue.
Cette sensation est paradoxale.
J’écris sans doute
pour trouver une autre liberté
celle de me rendre là
où je ne suis pas encore allé
parce que esclave
de moi-même malgré tout.
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Je sais que je serai loin
du continent que je veux rejoindre un jour.
Tout simplement parce qu’il est vague
et qu’il ne ressemble à rien de déjà existant.
Cela dit mon travail quotidien
que j’ai la chance de poursuivre
maintenant sans me culpabiliser
m’autorise à explorer un peu mieux l’étendue
la surface le sous-sol les paysages la faune la flore
et les habitants de cette terre inconnue
vers laquelle je me dirige à petits mots.
Chaque nouveau texte écrit
est un compte-rendu personnel de mon expédition.
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Cette lune presque ronde
(et ses promesses de nuits blanches)
est déjà en train
de préparer la fête
de régler l'éclairage
l'air de rien
toujours à la même place
au-dessus de l'évier
de ma cuisine rêveuse.
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