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    La fin de l’été
    N’a pas besoin
    De grand chose
    Pour exister :
    Il lui suffit
    D’un  peu de patience
    Et les nuages
    Finissent par surgir
    Une boule au fond de la gorge
    Les yeux fermés
    Un bonnet sur la tête.
     
     
     
     
     
     
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    L’intérêt pour l’histoire est normal chez les enfants. Il commence très tôt par une fascination délirante pour les dinosaures, puis c’est le tour de l’univers, de ses étoiles, de ses comètes et enfin elle se termine à l’entrée en sixième avec les cours sur l’antiquité et plus particulièrement avec la partie consacrée à l’Egypte. Voilà le portrait type de l’évolution de l’éveil d’un enfant moyen jusqu’à onze ans. Après, ils changent et s’intéressent à d’autres matières moins scolaires. Mais Martin, lui, avec la seconde guerre mondiale qui l’obsède depuis l’école primaire, je ne comprends pas, se dit Damien, il ne ressemble à aucun autre gamin de son âge, en plus l’Egyptologie, c’est pas son truc.

    ( Extrait de Notes prises pour un film qui ne verra jamais le jour.)

     

     

     

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    Comment rendre à l’écran les rêves déchus d’un être et la désillusion de tout une génération sinon en inventant une histoire de famille entre un fils et son père ? Je me rends compte que parler de son enfant, c’est un peu comme faire vivre un personnage romanesque. Tous les deux sont sujets aux mêmes mouvements d’humeur de leur créateur.

    Damien et Martin ont une sensibilité identique sans le savoir. Si le premier s’en doute un peu, le deuxième est loin de songer un seul instant à ce point commun qui le rapproche de son père. Je voudrais rendre hommage à la face cachée d’une relation entre deux imaginaires venant d’une même famille et comprendre pourquoi les films de pères sur leurs fils sont pratiquement inexistants.

    ( Extrait de Notes prises pour un film qui ne verra jamais le jour.)

     

     

     

     

     

     

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    Damien garde ses idées pour lui. Il les rumine à longueur de nuit parfois. Il vaut mieux que son fils ne sache pas ce qu’il pense vraiment du monde dans lequel ils vivent. Cela pourrait entamer son optimisme. Et puis il risque d’être pris pour un rabat-joie parce que de son temps c’était pas pareil. Et c’est la goutte faisant déborder le vase. Là est la grande illusion : elle l’énerve intérieurement quand il l’entend dans la bouche de Martin. S’il savait comme l’adolescent est l’être le plus conformiste, prévisible et universel qui soit. Passer par un état de crise n’a rien d’exceptionnel ni de révolutionnaire. Le caractère et la personnalité se forment à l’âge adulte. Il faut que j’arrête de me prendre la tête avec mes discours de père fatigué, se dit Damien. Théoriser sur tout est usant à la longue, parce qu’on trouve toujours des excuses et des explications à n’importe quoi. Cela donne bonne conscience et en plus on peut ainsi facilement se dédouaner. Martin a raison quand il critique les grands théoriciens : ils sont pour lui au quotidien des handicapés de la vie. Il prétend que leurs théories sont des refuges pour leur mauvaise conscience. Une fois protégés, ils se sentent mieux et arrivent même à communiquer au public une certaine philosophie de l’existence qu’ils sont incapables d’appliquer pour eux-mêmes et avec leurs proches.

    ( Notes pour un film qui ne verra jamais le jour.)

     

     

     

     

     

     

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    Martin, lui, rêve de partir aux Pays-Bas avec des potes. Son projet se réalisera sans doute : ils sont plusieurs dans son cas à désirer tenter l’expérience du pèlerinage initiatique vers le paradis artificiel que prétend leur offrir ce pays protestant, ouvert, cool et sympa. Hélas, aucun d’entre eux ne pense ajouter l’adjectif intéressé à la liste. Il est bien connu que les va-et-vient des jeunes Européens chez nos amis néerlandais sont tolérés parce qu’ils rapportent au pays. D’ailleurs, ce système commercial et incitatif n’a-t-il pas été mis en place dans un but lucratif plus que récréatif ? La vente du haschisch attire les jeunes, et les Pays-Bas l’ont compris depuis longtemps. Comme dans tous les états protestants - et l’histoire le prouve –, on fait feu de tout bois. À partir du moment où une clientèle existe, peu importe la nature de la marchandise pourvu qu’elle rapporte. Le tourisme narcotique n’est donc pas exclu. Grâce à lui l’économie hollandaise a fait un bond énorme. Presque aucun jeune dont Martin fait partie n’a réfléchi à cet aspect de la civilisation flamande. Ils condamnent sans cesse la société de consommation mais ignorent en partant là-bas qu’ils l’alimentent et l’enrichissent à grands coups de taffes qui arrachent ; d’orgasmes déclarés et de verres de bière dégueulés.

    (Extrait de Notes prises pour un film qui ne verra jamais le jour.)

     

     

     

     

     

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