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    Au milieu des mouvements de gens allant et venant, des rêves se croisent et des adieux se disent, Damien est comme un pantin que le passé rattrape en l’espace d’une demi seconde et Julie, une poupée resplendissante à l’aise dans la désinvolture de sa jeunesse.

    L’aéroport est le lieu idéal pour opposer symboliquement ces deux mondes où l’insouciance et la gravité cohabitent dans les effluves et les brouhahas des mélancolies en partance ; des désillusions rentrées ; des espoirs qui  boulochent.

    ( Notes prises pour un film qui ne verra jamais le jour)

     

     

     

     

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    Je lutte contre le poids du réel :
    il met des limites à ma fiction.
    C’est avec cette difficulté-là
    que je dois finir mon manuscrit.
    Le désenchantement succède très vite
    à l’enthousiasme.
    Est-ce la cause
    de mon désir
    de toujours vouloir
    repartir pour de nouvelles aventures ?
    Ne jamais rester
    sur un sentiment de déconvenue
    me conduit jour après jour
    à reprendre mes créations.
     
     
     
     
     
     
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    Il suffit d'une guerre
    pour que le prénom
    du copain de mon père
    quand il combattait en Algérie
    me revienne subitement à l'esprit
    en plein milieu de la nuit
    et avec lui son visage
    et celui de sa femme
    et de leurs deux enfants
    que je n'avais vus qu'une seule fois
    dans ma vie :
    lors de leur retrouvaille
    à Lomme dans le Nord
    il y a quarante-neuf ans.
     
     
     
     
     
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    Je veux parler dans mon film de cette part d’insouciance - commune à tous les enfants – en cohabitation permanente avec le tempérament torturé de leurs parents ne désirant que ça, le bonheur de leur progéniture jusqu’à oublier le leur, dilué dans la liqueur du dévouement.

    Avoir un enfant gravement malade c’est vivre avec lui  dans une autre  dimension en toute clandestinité. Chacun dans sa bulle occupant le même monde où il essaie de montrer aux autres - étrangers pour lui - que la vie est normale.

    C’est cette ambiance que je voudrais réussir à traduire. Je ne sais pas vraiment comment m’y prendre. Ma caméra s’arrête au hasard de scènes du quotidien sans vraiment savoir ce que cela donnera à la fin et pourtant ces arrêts semblent incontournables. Je sens bien les limites de mon art face à la maladie de Stella.

    (Notes prises pour un film qui ne verra jamais le jour)

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    Tout en longeant le chemin vers la forêt, ils continuent leurs discussions comme des gens sérieux attachés à comprendre un peu mieux le monde et ses origines. La moindre observation est suivie d’un pourquoi que Damien ne laisse jamais sans réponse.

    À peine sont-ils arrivés à l’orée du bois qu’une dizaine de limaces orange, bien dodues et luisantes de bave, espacées chacune de quelques mètres, se dirigent tel un cortège inattendu vers un point mystérieux.

    - On dirait que c’est l’autoroute des limaces, s’exclame Léa.

    - Tu as raison. Nous sommes sur l’autoroute des limaces où les dépassements ne sont jamais dangereux.

    - Pourquoi tu dis ça, papa ?

    - Parce que sur l’autoroute des voitures, il faut faire attention quand on veut doubler.

    - Pourquoi ?

    - Sinon on a un accident.

    - Les limaces elles auront jamais d’accident, elles, dis papa ?

    - Jamais d’accident d’autoroute à cause d’un dépassement mal anticipé. Par contre elles peuvent se faire écraser par un vélo, s’il n’a pas fait attention.

    - Comment on va faire ?

    - Croiser les doigts.

    - C’est pas grave !

    - Non c’est pas grave. C’est rare quand ça arrive.

    Voyant que Léa fronce les sourcils et qu'elle semble contrariée, Damien se sent obligé de la rassurer. Il la prend dans ses bras, lui embrasse le front et lui chuchote à l’oreille que des limaces écrasées il y en a tous les jours, que ce n’est pas grave du tout, dès qu’il y en a une de morte, une autre naît quelque part dans la forêt sans qu’on le sache.

    (Notes prises pour un film qui ne verra jamais le jour)

     

     

     

     

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