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    L’arrivée à l’aéroport se passe comme prévu. Damien et Julie sont largement en avance. Les avions au-dessus de la piste d’atterrissage ne sont pas encore visibles. On les devine ainsi que les rêves de voyage stationnés dans la salle d’attente. Les va-et-vient des autres voyageurs sont un spectacle invisible aux yeux de sa fille. Seule compte pour elle sa propre activité. Celle des autres n’a pas de sens. La peur de l’attente est synonyme de crainte d’ennui et Damien s’en rend compte une nouvelle fois.

    (Notes prises pour un film qui ne verra jamais le jour.)

     

     

     

     

     

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    Claude Vercey, de la revue Décharge, a accueilli sur son site le 28.06.22 deux textes inédits de mon recueil en cours d'écriture Poèmes ardennais.

    Pour les lire c'est ici, il suffit de copier-coller le lien ci-dessous :

    https://www.dechargelarevue.com/Thierry-Radiere-Deux-poemes-ardennais.html?fbclid=IwAR2ybdRgCD11cOE83rss0XVE6JLyjUXtpW0Gl6AyIiTwCAim5BheHhhJY9Y

     

     

     

     

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    Julie est comme un petit oiseau blessé dans la cage secrète des songes de son père. Il est impossible de tourner la même scène sans l’épisode de la noyade manquée. Elle est incontournable parce qu’elle sert bizarrement à faire prendre le ciment de ce mystère unissant un homme et sa fille à l’éternité de l’amour. Il faut parfois se brûler les ailes pour bien apprécier la volupté de leurs battements lorsqu’elles transportent avec elles les corps chétifs de deux êtres s’attirant par-delà les épais nuages.

    ( Notes prises pour un film qui ne verra jamais le jour.)

     

     

     

     

     

     

     

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    Je ne sais pas comment m’y prendre pour évoquer l’invisible. Mon film devra laisser, dans le fond de la gorge des spectateurs, un goût amer à l’instar de celui qu’on a après une grande déception. Mais également, il devra très vite passer et laisser d’autres goûts plus subtils s’installer dans le creux du palais et  à la surface des papilles. Oui mon film sera comme un plat imaginaire ; il racontera à chacune de nos bouches l’histoire délicieuse d’un attachement inénarrable à la chair de notre sang, au bouillon épicé de nos espoirs réciproques de parents et d’enfants.

    ( Extrait de Notes prises pour un film qui ne verra jamais le jour.)

     

     

     

     

     

     

     

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    Ces discussions ont l’art de l’énerver. Il sait pourtant que ce n’est pas en  forçant les gens qu’on arrive à les convaincre. Il s’en veut de toujours insister quand Julie a déjà fait son choix. Il n’aime pas devoir chercher des arguments pour séduire. Pour lui, c’est une perte de temps. Loin de lui l’idée de vouloir modifier une partie du caractère de sa fille. Il sait que les meilleurs changements sont ceux qu’on décide en son âme et conscience et non pas ceux qu’on nous impose à grands coups de reproches ou d’arguments dogmatiques. En revanche, il continuera d’écrire des films pour qu’un jour elle sache que c’est aussi pour elle qu’il les a  réalisés. Même ceux d’avant sa naissance.

    Je crois qu’on créée  aussi pour les enfants qu’on n’a pas eus, pour ceux qu’on aura un jour ou jamais.

    C’est une chance qu’on a nous autres pères cinéastes : on peut parler autrement à notre progéniture grâce aux images. D’un autre côté on apparaît sans doute comme des handicapés du réel. On aimerait tant réussir sa descendance comme on travaille ses films qu’on commet des erreurs à chaque fois rectifiées – tant bien que mal -  dans nos œuvres.

    Je veux être le porte-parole de ces songes sensibles que ni l’un ni l’autre n’arrive à se livrer au quotidien. Je veux me servir de mon art pour compenser les défauts que j’ai accumulés avec le temps. Je ne sais pas comment être père. Je sais seulement me filmer pour de faux et faire ainsi ressortir le réel que j’ai de plus en plus de mal à cerner avec mes enfants.

    ( Extrait de Notes prises pour un film qui ne verra jamais le jour.)

     

     

     

     

     

     

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