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tu t’imagines la froideur de l’eau
en train de couler dans la salle de
bains et tu te déshabilles en me parlant
de ce livre que tu reliras ce soir
je n’en reviens pas d’entendre
encore la piscine alors que tu
dors profondément et je respire
comme un mort devant sa télé
fermons la fenêtre te dis-je
on se sentira mieux à deux
les autres resteront dans notre
mémoire à faire ce qu’ils veulent
ne crois pas que je sois absent
c’est simplement qu’un moment
donné la présence perd ses mots
si fort qu’on a des hallucinations
je referai le lit aérerai le jour
les draps la couette et le boutis
tels des marque-pages oubliés
puis repris pour la nuit suivante
tes cauchemars sont finis je le
vois bien dans le miroir où ta
gorge est une petite cage remplie
de ludions cognant contre ton cou
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Il y a une ligne verte
entre le soleil et l’horizon
et tu la guettes à chaque coucher
le soir sans le dire à personne
en hommage à des souvenirs
d’océan que tu sens
revenir au loin
et que tu gardes pour toi
parce que ce serait trop difficile
à expliquer dans les détails
les couleurs en train de se mélanger aux mots
que nul ne comprend.
Alors tu restes à observer
pourvu que tu la voies
cette étincelle
que tu continues tes recherches
de cadres dans notre chambre
la fenêtre vole
la solitude borde.
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Pourquoi ne me reste-t-il
de cette entrevue
que l’arrière-plan de la faïence rouge
et blanche sans rien d’autre
de la personne avec qui j’ai parlé
au bord de l’océan ?
Je voulais manger un jambon beurre
et revenir ensuite à pied serein
semant aux mouettes
miettes et sable.
Si,
cela me revient
maintenant que je pense
à ces oiseaux de mer :
j’avais déclaré au serveur
qu’on sentait moins
les coups de bec vers midi
et il m’avait répondu que non
en ce qui le concernait
ces coups de bec faisaient mal toute la journée
et ça m’avait coupé l’envie de déjeuner
en route des vagues à la place.
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on reconnaît la route
aux arbres différents
on sait qu’on arrivera
bientôt aux gens assis
sur l’herbe en train de
pique-niquer et à leurs
manières de croquer
dans les sandwiches et
de boire à la bouteille
l’eau chaude du voyage
qu’ils se font passer
et puis aussi quand ils
rangent la couverture
et ses miettes dessus
on sait que plus loin
leurs yeux rentreront
dans des boîtes conçues
pour autre chose que
les vacances tairont
on devinera la couleur
du ciel derrière la voiture
et les rides sur le soleil
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Et tu regardes par l’été
la fenêtre d’un bois
déjà couvert de neige
alors que la plage n’a pas encore
déroulé ses étoiles de mer
sur ta peau d’un ciel en nervures.
Et tu baisses les yeux
dans ton thé les mains
autour du radiateur
les feuilles tombées
sur des vagues plus hautes
que les portières
ouvertes de tes livres.
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